Crédit photo : Pilar Macias

Activités de financement

Banquet-bénéfice La Goulée 2024

Goulée 2024 — Une « Goulée à saveur de passion »



Le président, monsieur Pierre B. Lambert, et les membres du conseil d’administration de la Fondation Bouchard inc., ont été ravis de présenter la 47e édition de la Goulée de l’amitié et de la reconnaissance, qui a eu lieu le samedi 4 mai 2024, sous la présidence d’honneur de Sœur Angèle, animatrice, auteure, enseignante et « Femme de passion ».



En marge de ce rendez-vous gourmand, trois personnalités ont reçu une distinction honorifique visant à souligner, entre autres, leur travail, leur dévouement, leur abnégation, leur dépassement de soi ainsi que leur implication dans leur communauté et dans leur champ de compétences.

Ont été décorés de l’Ordre Painchaud en compagnie de notre présidente d’honneur Sœur Angèle, Dr. Champlain Charest, 121e promotion, radiologue, amateur d’art et collectionneur de grands vins, et M. René Proulx, 145e promotion, président-directeur général, Exceldor coopérative.



La Fondation Bouchard peut compter sur le support de partenaires financiers essentiels à la réussite de cet évènement. La 47e édition de la Goulée de l’amitié et de la reconnaissance a été présentée par RICHELIEU, DESJARDINS, Gestion de patrimoine, valeurs mobilières, Desjardins du Centre Est du Kamouraska et Desjardins de l’Anse de La Pocatière, ainsi que par Sébastien Demers courtier immobiliser REMAX Élégance inc.

Nous remercions également tous les autres partenaires et nos précieux donateurs pour leurs contributions financières qui ont permis de faire de cette soirée, un franc succès.



Merci à vous, chers et chères convives qui avez appuyé la Fondation en participant à cette soirée grandiose.



Nous vous donnons rendez-vous le samedi 3 mai 2025 pour conjuguer, une fois de plus, gastronomie et philanthropie.



Merci à tous et à toutes! À l'an prochain!







Le thème retenu cette année, « Une Goulée à saveur de passion » ! Nous pouvons affirmer sans aucun doute que nous avons ici un « bouquet de saveurs » et de la passion en grande quantité !

Dr. Champlain Charest, notre premier décoré, est avant tout un être « passionné », oui un « passionné dans l’âme » et comme il le dit si bien : « Pas de passion, pas de succès possible » !

Passionné par son travail de radiologue ;

Passionné d’art ;

Passionné de vins québécois ;

La passion de Dr. Charest se conjugue au pluriel : pêche, arts, culture, bonne table, voyages, médecine et les gens ! M. Charest aime les gens, particulièrement les passionnés. Qui se ressemble s’assemble, dit l’adage…

M. Charest est un « grand cru » !

Tout commence en 1931. Natif de Sainte-Hélène-de-Kamouraska, c’est très jeune que le goût pour la médecine lui vient, il avait remarqué, à la messe, que le médecin du village quittait souvent la cérémonie en carriole pour aller soigner des malades. L’image. On se construit par des images et certaines sont plus enracinées que d’autres. Elles correspondent à notre être sans que l’on puisse savoir comment. C’est comme ça. M. Charest avait décidé à cet instant qu’il serait médecin.

Ici au Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, Dr. Charest, de la 121e promotion, aura été pensionnaire pendant sept ans… sept ans c’est long parfois, il ne garde pas cette expérience parmi ses meilleures, cependant, il raconte que c’est ici qu’il est devenu « libre penseur ».

Puis, il poursuit ses études au collège Sainte-Marie. Il habite avec un cousin débardeur, métier qu’il exercera pendant ses études.

Le cours classique terminé, il entre en médecine à l’Université de Montréal en 1953. C’est un premier de classe. On devine la volonté et l’ambition, c’est un moteur pour lui. S’affirmer est son mot d’ordre. Son loisir, écouter l’opéra le samedi après-midi tout en étudiant. Il complète ses études en radiologie à Washington puis à Boston à l’université Harvard où il restera deux ans avec sa famille.

De retour à Montréal, il intègre l’équipe du nouveau département de radiologie de l’hôpital St-Luc où il fait la connaissance de M. André Légaré, un homme d’une intelligence et d’une culture hors du commun.

M. Légaré côtoyait des connaisseurs en vin, en art, en musique… Déjà à l’époque, il possédait une belle collection de vins, vivait avec des Borduas, des Riopelle, entre autres. Et puis, M. Légaré était un fin connaisseur d’opéra. Un érudit, un sensible, sans contredit un épicurien. M. Charest est fasciné. Il apprend.

Ils font donc ensemble la tournée des galeries d’art, des artistes et des collectionneurs. Ses connaissances en vin, et en art ne sont pas encore acquises, mais l’équipe de radiologistes dont il fait partie sont tous des passionnés. À la pause, on parle de vin, de peinture et d’opéra… Son premier tableau est un Marc-Aurèle Fortin! Nous sommes en 1964.

M. Charest construit sa maison sur les rives du lac Masson en 1966. C’est à cette époque qu’il fait la rencontre de Gérard Beaulieu, ingénieur de profession, collectionneur important et grand ami de Jean-Paul Riopelle. À l’époque, M. Charest a peu de tableaux et, quand Gérard Beaulieu lui montre pour la première fois sa collection, constituée, entre autres de sculptures de Lynn Chadwick, Armand Vaillancourt, de tableaux de Jacques Hurtubise, Jean-Paul Riopelle, Philippe Dallaire, Paul?Émile Borduas, sans compter qu’il aidait aussi les jeunes, M. Charest est fasciné. Sa passion pour l’art se confirme à tout jamais.

En 1968, il se rend en Suisse et en Suède pour étudier une technique de médecine. Gérard Beaulieu lui propose de venir avec lui rencontrer Jean-Paul Riopelle à Paris. Dans l’atelier de Riopelle, il y avait plusieurs de ses grands collages qu’il avait exposés à Québec l’année précédente. Aussi, un tableau qui s’intitulait Sainte-Marguerite. M. Charest est impressionné.

En soirée, tous se rendent au bar préféré de Riopelle à Montparnasse. Ce fût une assez longue soirée où M. Charest et Riopelle ont trinqué et se sont raconté leur vie; un a été palefrenier, l’autre débardeur… À deux heures du matin, Riopelle lui lance son défi favori, le « tir au poignet ». Quelques minutes plus tard, ils se retrouvent les deux face à face, au beau milieu de la rue Delambre, couchés à plat ventre pour la compétition… Riopelle le défi : « Si tu me renverses, le tableau que tu voulais, il va être à toi. » M. Charest gagne. Riopelle tient parole et lui donne l’œuvre.

Et puis, il y a eu « Le Bistro à Champlain » - un tournant important dans sa vie. Ce bistro a permis de grandes rencontres avec les meilleurs vignerons venus de partout pour échanger, pour s’enquérir de ses connaissances d’œnologue et apprécier le talent des artistes exposant sur ses murs. Ceux qui y sont passés parlent de M. Charest en ces mots : généreux, rassembleur, passionné, formateur, ambassadeur, le « pape du vin ».

Un épicurien passionné : taquiner le saumon, cueillir les truffes, voir les amis vignerons, prendre le pouls de sa vie, voyager, aimer… des passions et encore des passions.

Dr. Charest, c’est un honneur pour nous aujourd’hui de vous remettre la Médaille de l’Ordre Painchaud.

J’invite M. Pierre B. Lambert, président de la Fondation Bouchard et Mme Marie-Claude Beaulieu, directrice, à vous décorer de l’Ordre Painchaud.









Notre deuxième décoré, M. René Proulx, de la 145e promotion, est aussi un être « passionné » !

Nommé « Personnalité de l’Actualité alimentaire de mars 2023 », M. Proulx mentionnait et je le cite : « il est important de s’entourer de gens passionnés qui veulent gagner tout en respectant les valeurs de l’organisation » et quelle organisation !



Président-directeur général d’Exceldor coopérative, un leader canadien de l’industrie de la volaille avec un chiffre d’affaires de quelque 1,5 milliard $ et plus de 3500 employés à son actif, on va se l’dire, ça prend de la passion pour exceller !



À la tête d’Exceldor depuis 2006, M. Proulx passe à l’action dès son arrivée pour transformer cette coopérative afin qu’elle devienne un véritable chef de file canadien de l’industrie de la volaille.



Partisan du travail d’équipe, il obtient ces résultats éloquents parce qu’il excelle à mobiliser ses ressources humaines. Alliant ses talents de meneur à une habile gestion des risques, il favorise l’ascension d’Exceldor et lui donne les moyens de s’élever encore. Aujourd’hui, Exceldor est non seulement une entreprise d’envergure nationale, mais aussi un véritable leader sur le plan des marques nationales, avec Exceldor au Québec et Butterball au Canada.

Au cours des années, M. Proulx s’est impliqué bénévolement au sein de diverses organisations :

En 1995, il a représenté la Corporation des Jeux d’hiver de « Québec 2002 » à la tête du comité responsable de la présentation aux membres du Comité international olympique à Budapest dans le cadre du choix final de la ville pour la tenue des Jeux.

En 1996, il a assumé la présidence du Gala des Grands Québécois et depuis 2010, il est le président d’honneur de la Classique de golf Moisson Québec, contribuant ainsi à amasser une somme de 2,5 M$ pour cette banque alimentaire.

Il siège au conseil d’administration de CAA Québec depuis 2011 et il a occupé le poste de vice-président de 2014 à 2017 et celui de président de 2017 à 2021.

Depuis 2020, il siège aussi au conseil de CAA National.

L’Ordre des CPA du Québec lui a décerné 2 distinctions, soit le Prix Excellence CPA — Grande entreprise en 2016 et le titre de Fellow en 2017.

De plus, il a été intronisé en 2017, dans le très sélect Club des entrepreneurs, créé par le Conseil du patronat du Québec, une distinction qui vise à reconnaître publiquement la contribution exceptionnelle de gens d’affaires au développement économique du Québec. Que d’honneurs mérités pour un passionné de l’humain !



Comment arriver à demeurer en équilibre ? M. Proulx n’hésite pas à répondre… « des activités en famille, des voyages, des bons repas, du sport et mes trois magnifiques petites filles pour qui je craque ».

J’invite maintenant son fils Julien à venir nous faire découvrir M. Proulx le « père ».



Bonjour tout le monde,



J'espère que vous appréciez cette cérémonie jusqu'à maintenant ! Mon nom est Julien Proulx, je suis le plus jeune des trois enfants de René. C'est à moi que revient toute cette pression de vous parler de mon père sans que ça ait l'air d'un discours posthume !



Comme vous le savez, c'est sous le thème de la passion qu'a lieu cette Goulée. Le thème tombe à point, puisque s'il y a bien un mot qui représente mon père, c'est la passion.



Tout d'abord, René a toujours été passionné par son travail et c'est encore vrai à l'âge de 67 ans. Il faut l'être pour partir travailler tous les jours avant 7h et revenir seulement une douzaine d'heures plus tard, et ce, pendant plus de 35 ans. Ce qui m'impressionne le plus, c'est que tout au long de sa carrière, je ne pense même pas que mon père a pris une seule journée de maladie. Tant et aussi longtemps qu'il est en mesure de se lever du lit, il va aller travailler. À plusieurs reprises dans les dernières années je lui ai posé la question à savoir pourquoi il ne prenait pas sa retraite pendant qu'il était en forme et il me répond toujours la même chose : qu'il est dans ses meilleurs années, qu'il adore ce qu'il fait et que son travail lui donne des opportunités qu'il n'aurait pas autrement.



C'est entre autres sa passion envers son travail qui permet à mon père d'être un grand leader. À plusieurs reprises, des membres de son équipe de direction chez Exceldor m'ont mentionné à quel point il est facile de le suivre, qu'il est un véritable passionné et qu'il mène par l'exemple. Je suis convaincu qu'il doit être au travail comme il est lorsqu'il va au Costco (et j'en ai été témoin quand j'allais faire des commissions avec lui quand j'étais jeune), c’est-à-dire qu'il sait où il s'en va et vous êtes mieux de le suivre sinon vous vous retrouvez loin derrière ce n'est pas trop long !



Mais même s'il est exigeant envers lui-même et ses collègues, il est également très soucieux du bien-être d'autrui. Je sais qu'il est très fier des liens et des amitiés qu'il a bâti avec ses collègues et partenaires au fil des années. Une belle marque de reconnaissance envers mon père est la stabilité qu'il a justement avec son équipe. À part quelques départs à la retraite, ses collègues sont à ses côtés depuis de nombreuses années. J'imagine que les gens ne resteraient pas aussi longtemps s'ils n'avaient pas confiance en lui ou s'ils n'appréciaient pas le leader qu'il est.



L'été, lorsque mon père n'est pas au travail, vous pouvez le trouver plus souvent qu'autrement sur un terrain de golf. Il est passionné par ce sport depuis longtemps, probablement en raison des bons moments qu'il a pu passer avec ses parents sur les terrains de golf lorsqu'il était plus jeune. Une des histoires qu'il aime nous raconter est la fois qu'il a vidé le lac du 1er trou au club de golf de Montmagny, en pêchant avec son père Jean-Marie pendant le souper du tournoi d'ouverture. Et pour l'avoir vu pêcher dans les dernières années, c'est sans aucun doute son père qui sortait tous les poissons !



Mon père s'est assuré de nous transmettre sa passion pour ce sport à mon frère Marc-Antoine et à moi-même et j'ai l'impression que c'est parce qu'il voulait faire avec nous ce que ses parents avaient fait avec lui. Pour ma part, j'ai eu le privilège de compter sur le soutien de mon père tout au long de ma carrière de golfeur amateur. Pendant plus de 15 ans et malgré un emploi du temps chargé avec son travail, René a voyagé avec moi, a été mon cadet, m'a accompagné et m'a surtout supporté à travers mes hauts et mes bas. Assurément des moments privilégiés autant pour moi que pour lui, j'en suis certain.



D'un point de vue plus personnel, mon père est marié depuis bientôt 45 ans avec ma mère Renée. Tous les deux se sont rencontrés au club de golf Fort Prével près de Gaspé, alors que mon père avait la boutique de golf et que ma mère travaillait à l'administration. Il a eu un faible pour la grande rousse qui faisait de la corde à danser. Mon frère, ma sœur et moi avons été témoins d'un vrai travail d'équipe de nos parents au fil des années. Autant qu'ils ont des personnalités et des intérêts très différents, autant qu'ils se sont toujours bien complétés. Sans ma mère, qui restait à la maison à s'occuper de nous trois et qui s'assurait que tout était fait quand mon père revenait du travail (repas, lavage, repassage, etc.), mon père n'aurait fort probablement pas été en mesure d'accomplir tout ce qu'il a fait. Et par-dessus tout, c'est leur complicité que je trouve vraiment beau et qui m'impressionne après toutes ces années.



Comme je mentionnais plus tôt, mon père est quelqu'un de très travaillant et le nombre d'heures qu'il passe au bureau pendant la semaine est impressionnant. Cependant, à part quelques exceptions, il ne travaille jamais la fin de semaine. Nous avons toujours senti que ces deux journées de la semaine étaient importantes pour lui, afin de passer du temps avec les gens qu'il aime et également lui permettre de recharger ses batteries. Il adore et sait comment recevoir sa famille ou ses amis pour un souper. Il est quelqu'un d'extrêmement généreux et s'assure toujours que ses invités ne manquent de rien. Pour ceux qui connaisse René dans un contexte professionnel, c'est peut-être dur à croire, mais il a aussi toujours gardé son cœur d'enfant. On aime tous rire des uns des autres dans notre famille. Surtout qu'en plus de cela nous sommes tous gaffeurs ! Mais René est certainement celui qui remporte la palme et on ne se gêne pas pour rire de lui quand il fait une de ses gaffes !



Je termine en vous partageant que René est extrêmement fier de ses racines. Né à Montmagny dans une famille de 8 enfants, René est venu étudier comme pensionnaire au collège Sainte-Anne-de-La-Pocatière en compagnie de son frère Claude. Probablement que leurs parents Monique et Jean-Marie trouvait finalement que six enfants était suffisant ! Il garde d'excellents souvenirs de son passage ici pour avoir entendu plusieurs anecdotes. Une des bonnes histoires qu'il nous a racontée est la fois où le directeur, M. Foster, avait pris mon père pour son frère Claude. Il faut comprendre que mon père, selon ses dires, était un élève modèle alors que Claude l'était un peu moins... Et donc mon père se retrouve dans le bureau du directeur à se faire passer un savon pendant plusieurs minutes jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il y avait erreur sur la personne. L'histoire veut que le directeur aille finalement "dépompé" quand le vrai Claude est arrivé devant lui ! Tout ça pour dire que René a encore d'excellents souvenirs de son passage au collège et qu'il est très fier d'y être honoré ce soir.



Et en mon nom, au nom de ma mère Renée, mon frère Marc-Antoine et ma sœur Anne-Marie, nous sommes remplis de fierté pour tout ce que René a accompli au fil de sa carrière, pour la belle reconnaissance qu'il reçoit aujourd’hui, mais surtout pour l'incroyable personne qu'il est ! Merci beaucoup et bonne fin journée.



Julien

M. Proulx, c’est un honneur pour nous aujourd’hui de vous remettre la Médaille de l’Ordre Painchaud. J’invite M. Pierre B. Lambert et Mme Marie-Claude Beaulieu à vous décorer de l’Ordre Painchaud.









L’heure est venue de vous présenter notre présidente d’honneur 2024, Sœur Angèle !



Sœur Angèle, si vous le permettez, partons en voyage quelques instants, un fabuleux voyage de passions !



Je m’appelle Angiola Ginetta Rizzardo et je suis née dans une petite commune italienne à 80 kilomètres au nord de Venise.



1939 : le monde s’embrase. Enfant, je suis happée par la tourmente de la guerre, ses injustices et ses cruautés. Le conflit impose à ma famille des privations que je ne peux oublier. Seule l’extraordinaire débrouillardise de ma mère, nourrissant ses neuf enfants avec des riens, me permet de survivre.



La violence est aveugle : pour chaque allemand tué, deux Italiens sont fusillés le lendemain. Face au mur, à 10 heures le matin, la mitraillette efface, jour après jour, les piliers de mon enfance.



1950, j’ai 12 ans. L’insouciance de mon enfance a cédé la place à l’obligation de travailler pour aider ma famille. Un couple généreux, propriétaire d’un restaurant et d’une auberge, m’offre le gîte, le couvert et un modeste salaire en échange de mon travail, pour assurer notre subsistance. Ainsi a été mon enfance, marquée par le travail et les sacrifices, mais également par l’espoir d’un avenir meilleur, forgé par ma ténacité et mon courage.



1955 : Un voyage vers l’inconnu. J’ai à peine 17 ans. Le cœur battant d’espoir, j’embarque sur un cargo bondé d’immigrants. Destination Halifax, puis Montréal et Laval, où réside déjà Maria, une de mes sœurs aînées.



Lorsque le bateau quitte Naples, c’est comme si une partie de moi restait à quai, arrachée à ses racines. La traversée est éprouvante. Trois longues semaines ballottées par les vagues, le mal de mer qui me tenaille et le souvenir amer de l’Italie qui s’éloigne. Je ne parle pas un mot de français, et pourtant je pars, laissant derrière moi mes montagnes, les vignes de mon père, ma vie italienne.



Dans ma petite valise, quelques vêtements. Mais, dans ma grosse malle, repose un trésor inestimable : le savoir-faire culinaire méditerranéen hérité de ma tendre mère. À ses côtés se côtoient ma détermination, mon énergie, ma joie de vivre, mon franc-parler et ma passion. Je quitte adolescente, j’accoste jeune adulte.



Ma 2e vie — Notre-Dame-du-Bon-Conseil



En octobre 1955, j’arrive à Montréal. Je suis accueilli par les Sœurs de l’Institut de Notre-Dame-du-Bon-Conseil après que le chauffeur de tramway m’y eut déposée. Je donne des cours de cuisine italienne bénévolement tout en travaillant au Consulat général d’Italie le jour et en repassant des vêtements à l’Hôpital général la nuit. Mon but : réunir ma famille au Québec, ce qui nécessite une garantie financière importante. Après plus d’un an d’efforts, ma famille est finalement réunie à Laval en décembre 1956.



Un matin, attablée avec mes parents pour le déjeuner, je leur annonce que je souhaite devenir religieuse. Mon père, Angélo, abasourdi par cette déclaration — le mot est faible — s’exclame : « elle est rendue folle ». Ma mère, quant à elle, lui rétorque avec un sourire en coin : « fatigue-toi pas Angélo, dans une semaine, ils vont nous la rechiper. ». Et pourtant, contre toute attente, ma deuxième vie était là.



1957 Deux ans après mon arrivée, je rejoins la communauté Notre-Dame-du-Bon-Conseil, devenant Sœur Angèle. Rapidement, je prends en charge la cuisine à la maison mère lorsque la cuisinière tombe malade. Malgré un budget serré, je sollicite l’aide des commerçants italiens au Marché central et explore les entrepôts du port de Montréal pour trouver des provisions. Parallèlement, je trouve le temps de suivre des cours du soir à l’Institut de Tourisme et d’Hôtellerie du Québec, où j’enseignerai plus tard pendant 16 ans.



1982 - Une 3e vie : Sœur Angèle devient une vedette.



En avril 1982, le directeur de l’ITHQ — l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec — lui demande de remplacer, au pied levé, un professeur de cuisine pour l’émission « Allô Boubou » de Radio-Canada, diffusée en direct du Complexe Desjardins à Montréal. Arrivant quelques minutes en avance sur le plateau, Sœur Angèle rencontre l’animateur Jacques Boulanger, qui ne la reconnaît pas. Sa prestation fut un succès instantané, lui valant un contrat pour 40 émissions supplémentaires.



Pendant plus de 20 ans, elle excelle à la télévision et à la radio, révolutionnant nos habitudes culinaires et notre rapport à la nourriture. En tant que professeure à l’ITHQ, animatrice de télévision emblématique, auteure, conférencière, accompagnatrice de voyages, bénévole pour des œuvres sociales comme la « Fondation Sœur Angèle » et « Les Fourchettes de l’espoir », consultante hôtelière, elle incarne un engagement inlassable. Son parcours passionné l’a menée aux quatre coins du globe, parcourant même deux fois la planète.



Juin 2007 — À l’aise dans tous les milieux, Sœur Angèle a rencontré les sept derniers papes, de Pie XII à François. Ainsi, on la retrouve à Rome, parmi les invités spéciaux venus rencontrer le pape Benoît XVI. À cette occasion, le protocole du Vatican est clair : on s’adresse « brièvement » au Saint-Père. Cependant, Sœur Angèle, faisant fi des règles établies, prend les mains du souverain pontife et engage une conversation animée. Elle en profite pour lui offrir des bouteilles de sirop d’érable, la sève du Québec, dira-t-elle. Sur un ton plutôt familier, elle lui recommande d’en faire bon usage, car cela contribue à une longue vie… jusqu’à 120 ans, précise-t-elle. Benoît XVI, peinant à placer un mot, se mit à rire. Touché par la jovialité et la spontanéité de Sœur Angèle, il la qualifiera de « temple de vie ». Pouvait-il choisir un plus beau mot pour la décrire ! « Temple de vie » !



Juin 2008 Un fromage est créé en son honneur, baptisé « Le Sœur Angèle », dont une partie des bénéfices soutient des programmes d’enseignement culinaire pour les jeunes défavorisés. Le bien-être des plus démunis reste une priorité constante pour elle. Depuis le début de la pandémie, la Fondation Sœur Angèle a remis 100 000 $ à Moisson Montréal pour l’achat de denrées alimentaires. Toujours aussi active, Sœur Angèle ne montre aucun signe de ralentissement, déclarant : « Quand on est occupé, je dis toujours, les “bearings” vont fonctionner ». Et votre Fondation, Sœur Angèle, s’harmonise parfaitement avec la nôtre. Nous partageons la même vision centrée sur l’éducation, l’assistance, le soutien, et l’accompagnement.



Décembre 2023



À 85 ans, Sœur Angèle est toujours aussi active, commençant sa journée à 5 heures du matin en préparant du sucre à la crème avec enthousiasme. Malgré son âge, elle consacre plus de temps que jamais à la cuisine, utilisant son énergie inépuisable pour aider les autres en préparant des repas et en offrant des sourires et de l’espoir par des appels spontanés. Pour Sœur Angèle : « La passion, quand tu l’as, ce n’est pas fatigant ! »



Sœur Angèle a été maintes fois honorée par des distinctions, témoignant ainsi de sa passion et de sa contribution remarquable au Québec.



1. Ambassadrice officielle du ministère de l’Agriculture du Canada

2. Médaillée du Gouverneur général du Canada

3. Membre de l’Ordre du Canada en 2013

4. Chevalière de l’Ordre national du Québec en 2016, la plus haute distinction décernée par le Gouvernement du Québec

5. Prix honorifique, La grappe gourmande, décerné par le Festival Montréal en lumière.



Sœur Angèle, nous sommes tous nourris de votre passion, gavés même, mais jamais rassasiés.



En cette journée de reconnaissance, la Fondation Bouchard est fière de se joindre à son tour à ces prestigieuses reconnaissances.



Mesdames, messieurs, accueillons Sœur Angèle qui sera décorée de l’Ordre Painchaud par M. Pierre B. Lambert, président de la Fondation Bouchard et madame Marie-Claude Beaulieu, directrice.





Sœur Angèle, nous aimerions vous remettre une lithographie souvenir du Collège à titre de présidente d’honneur. Réalisée par une artiste de chez nous, madame Réjeanne Pelletier, nous voulons ainsi souligner l’importance du Collège pour notre région. Cette toile peinte pendant la pandémie, s’intitule : « Joie de la rentrée ».